Près de trois fois plus de faillites de restaurateurs au Québec qu’en Ontario

Les entreprises de service de restauration québécoises ont déclaré faillite 2,7 fois plus souvent que celles de l’Ontario depuis 2016, selon les données du Bureau du surintendant des faillites du Canada compilées par HRImag.
En moyenne, ce sont 28 restaurateurs québécois qui sont contraints de fermer les livres chaque mois depuis 2016, contre neuf en Ontario et seulement trois pour l’ensemble des autres provinces et territoires du pays. « L’explication est relativement simple, le Québec a plus de restaurants indépendants qu’en Ontario, où ils ont plus de chaînes et de franchisés », explique Martin Vézina, vice-président aux affaires publiques et gouvernementales de l’Association Restauration Québec (ARQ). « C’est beaucoup plus difficile pour les indépendants d’avoir accès au crédit comparativement à des franchisés et ils sont donc toujours plus à risque financièrement », souligne-t-il.
Comme plusieurs observateurs le redoutaient, l’obligation de rembourser le Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes (CUEC) avant le 31 janvier 2024, mieux connues sous le nom des « prêts Covid », aura poussé plusieurs restaurateurs à mettre la clef sous la porte. Au cours des neuf derniers mois au Québec, ce sont 175 restaurants de plus que ce à quoi on aurait pu s’attendre selon la moyenne des huit dernières années qui ont fait faillite. « C’est finalement l’effet de la pandémie qui apparait après un décalage. De nombreux restaurateurs avaient été très affaiblis par les mois de confinement et l’inflation qui a suivi et n’ont tout simplement pas réussi à retrouver la rentabilité », remarque Martin Vézina.
Il rappelle d’ailleurs que les statistiques sur les faillites cachent la réalité de nombreux exploitants qui ont décidé de fermer leurs portes avant de se rendre à la faillite, sans compter tous ceux qui persistent tant bien que mal avec de très minces marges de profit. Selon les données compilées par l’ARQ, environ 15% des restaurants de la province ont fermé leurs portes en lien avec la pandémie.
Plus de flexibilité serait bienvenue
Le marché de la restauration québécois demeure toutefois solide, prévient Martin Vézina, même si celui-ci pourrait grandement bénéficier de quelques assouplissements réglementaires qui pourraient faire une grande différence sans engranger de coûts pour le gouvernement.
Par exemple, permettre la redistribution des pourboires pourrait permettre de rééquilibrer les salaires entre les cuisines et le service, ou encore permettre de facturer les « no-show » pourrait éviter de perdre inutilement de la rentabilité. Le vice-président de l’ARQ suggère aussi de permettre aux restaurateurs qui font de l’importation privée d’agir comme caviste et ainsi générer de nouvelles sources de revenus.
« Nous ne demandons pas de l’aide financière, ce sont simplement de petites choses qui pourraient donner beaucoup de flexibilités aux restaurateurs et leur permettre d’être créatifs pour trouver des solutions pour augmenter leur rentabilité », résume-t-il.
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