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Wifi au café : doit-on s’inquiéter des travailleurs solitaires ?

 
18 mars 2024 | Par Bastien Durand
Crédit photo: Bastien Durand
Travailleuse au Café Pista

Pour garder l’ambiance conviviale et augmenter leurs ventes, certains propriétaires et gérants de cafés restreignent l’accès au wifi ou privilégient une zone sans ordinateur. Pour d’autres, la question n’a pas lieu d’être.

Lorsqu’on rentre au Café Pista, rue Beaubien à Montréal, deux ambiances cohabitent. Proche de l’entrée, les gens discutent, rient, débattent autour d’un café entre amis, en couple ou en famille. À l’arrière, le silence domine. Des prises électriques et des tables sont réservées aux personnes qui souhaitent travailler avec leur ordinateur.

Maxime Richard, l’un des trois cofondateurs, a imaginé cette façon de faire dès l’ouverture en 2016. « On s’est dit que pour garder l’ambiance conviviale et accueillante du lieu, ce côté café de quartier qui fait que les gens s’y sentent bien, les ordinateurs n’avaient pas trop leur place. »

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Son raisonnement vient aussi appuyer le bien-être des employés : « C’est assez aliénant quand tu sers les clients qui ont le nez rivé sur un écran… » L’entreprise, qui dispose désormais de trois succursales, applique la même stratégie dans ses deux autres cafés.

Photo : Bastien Durand

Un problème qui n’en est pas un

La question n’est pas aussi tranchée dans d’autres établissements. Au café Hélico, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, il y a deux salles bien distinctes, mais pas pour les mêmes raisons : une salle « orange » avec cinq à six tables pour le côté café, où les travailleurs d’un jour sont accueillis sans limite d’accès à internet, et une salle « verte » côté restaurant, où les ordinateurs sont proscrits.

« On ne s’est jamais vraiment préoccupés de la place des travailleurs, ça n’a jamais posé de problème pour nous, nos deux offres étant différentes », indique le gérant.

« Si le café est trop plein et que les personnes qui restent longtemps sans consommer empêchent d’autres clients de venir profiter de l’endroit, à ce moment-là on peut venir parler à ces gens, mais ce n’est pas forcément lié à l’usage d’un ordinateur ou de l’accès au wifi. Pour tout vous dire, ça n’arrive jamais », raconte quant à elle la gérante de l’ES Café à Lévis.

Photo : Bastien Durand

Au Café ORR à Montréal, qui peut accueillir plus de 80 personnes, le propriétaire Daniel Burt n’a pas du tout eu à réfléchir à la question, et ne la comprend même pas. « Même si 50% des clients venaient avec leur ordinateur, ça ne poserait pas de problème. Je crois que c’est une idée old fashioned. Les gens veulent se rencontrer chez nous, passer un bon moment, même en travaillant. »

Il ne s’inquiète pas non plus de la consommation de ses clients, même s’ils viennent pour étudier : « Ils sont responsables et savent d’eux-mêmes qu’ils ne peuvent pas rester sans consommer. Sinon ils resteraient chez eux. »

Afficher des règles ou dire ce que les gens doivent faire ou pas dans un lieu n’est pas au goût de tout le monde. En 2017, un café de Halifax en Nouvelle-Écosse avait dû s’excuser sur les réseaux sociaux d’avoir voulu interdire les outils électroniques à partir d’une certaine heure pour inciter les gens à « sociabiliser ».

« On a augmenté de 30% notre chiffre d’affaires »

De son côté, laisser moins de place aux travailleurs solitaires dans les cafés est une aubaine, d’après Maxime Richard, qui ne pourrait pas revenir en arrière. Depuis trois ans, le Café Pista a même mis en place un limiteur de wifi de deux heures maximum. Dans la succursale du Quartier des Spectacles, où beaucoup d’étudiants sont des habitués, la mesure a été mise en place à l’automne 2023.

Un succès pour le cafetier : « On a augmenté de 30% notre chiffre d’affaires. On a peut-être moins de monde, mais ça tourne plus ». Loin de l’idée de faire la distinction entre les bons et les mauvais clients, Maxime Richard insiste sur la sensibilisation de sa clientèle : « Je crois qu’il y a plus de cafés qu’on ne le pense qui peuvent fermer pour cette raison et non pour le remboursement de prêts-COVID… »

Mots-clés: Québec (province)
Restauration

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