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Point de vue

Une industrie qui se bonifie

 
30 août 2014 | Par Robert Dion

Depuis quelque temps, je vois un changement majeur dans la qualité, les concepts et l’originalité des nouveaux établissements québécois, tant des domaines de l’hôtellerie, de la restauration, des traiteurs que des services alimentaires non commerciaux (institutionnels). Tous ces nouveaux joueurs qui font preuve d’une évolution dynamique remplacent souvent des endroits plus qu’ordinaires, voire sans âme, ou explorent des quartiers émergents autrefois délaissés.

Ces nouveaux établissements font preuve d’originalité bien au-delà de leur offre de produits et service. Ils se démarquent par leur mise en marché, leurs pratiques en ressources humaines et dans leurs communications. Nous ne pourrions pas imaginer un établissement faire son ouverture, de nos jours, sans avoir préalablement mis en place une page Facebook bien garnie de photos numériques et de l’avoir partagée avec sa clientèle cible.

Cependant, il faut surveiller la multiplication des chaînes étrangères et des grandes bannières qui prennent leur place et s’implantent avec efficacité et ressources sur notre marché, remplaçant souvent les espaces laissés vides par les établissements qui ferment. C’est pourquoi les établissements indépendants doivent continuer à évoluer et à s’exprimer dans le marché, car ils représentent notre identité et sont le miroir de notre savoir-faire. Pour pouvoir rester à la page, je persiste à dire que vous devez sortir de votre zone de confort et visiter d’autres établissements ici et ailleurs.

Soyez certain que vos nouveaux compétiteurs seront plus aguerris, mais si vous évoluez bien en qualité, avec dynamisme et originalité, vous serez difficiles, voire impossibles à battre.

 
 
Personnalité HRI

Jean-Louis Thémis

Du bonheur à la louche

 
30 août 2014

« Tu es tombée sous le charme toi aussi », m’a répondu d’un air entendu ma collègue quand je lui ai avoué combien j’avais trouvé agréable ce personnage coloré à qui je venais de ne parler que quelques secondes, le temps de fixer la date de notre entrevue. Eh bien, Jean-Louis Thémis, c’est cela : un distributeur de bonheur ! Cet homme encourage l’autonomie, sème littéralement l’optimisme et la liberté sur son chemin.

Par Marie-Carole Daigle

Commençons par le commencement. Jean-Louis Thémistocle Randriantiana est avant tout cuisinier. À 18 ans, l’étudiant né à Antananarivo (Madagascar) gagne une bourse de stage. Quittant son île natale pour arriver en 1972 à l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ), il propose ensuite aux Québécois de découvrir la cuisine malgache en ouvrant successivement trois restaurants. Parallèlement, le Montréalais d’adoption agit durant sept ans comme porte-parole de Metro Richelieu, pour faire connaître les fruits et légumes exotiques aux gourmands et gourmets du Québec. Son livre sur le sujet, publié en 1998, nous a fait apprivoiser la carambole, la chayotte et l’igname. Celui qui préfère qu’on l’appelle tout simplement « Chef Thémis » est également enseignant à l’ITHQ depuis 10 ans. J’oubliais : jouant aussi très bien de la guitare, Thémis a signé paroles et musique d’un disque intitulé D’Antananarivo à Montréal. Il donne aussi des conférences sur le bonheur et l’estime de soi… Un peu de yoga avec ça ?

Jean-Louis Thémis ne se contente pas de faire le bonheur de ceux à qui
il mitonne un plat. « Ma femme Lucie [Carrier] et moi, nous nous étions promis de bâtir un jour quelque chose de durable, se rappelle-t-il. Notre projet était un peu vague. L’année de nos 50 ans, nous avons fait le plongeon et créé notre ONG. Notre but : amener la cuisine à un autre niveau et faire des métiers culinaires un outil de lutte contre la pauvreté. » Cuisiniers sans frontières est ainsi né, en 2003.

Retour aux sources

Selon la culture malgache, un enfant du pays qui s’installe à l’étranger doit « faire valim-babena », c’est-à-dire s’acquitter d’une certaine dette morale envers son pays natal. Le couple a donc décidé que Cuisiniers sans frontières offrirait à Madagascar une formation d’apprenti cuisinier aux personnes démunies. « On donne la canne à pêche, pas le poisson », se plaît à dire Thémis.

En 2006, Chef Thémis perd sa compagne : Lucie Carrier est emportée par un cancer. Cuisiniers sans frontières poursuit néanmoins son œuvre. « Des religieuses m’ont aidé à sélectionner mes élèves, bien souvent recrutés alors qu’ils semblaient mendier. La plupart ont été embauchés quelque part tout de suite après la formation », rapporte fièrement Jean-Louis Thémis.

Cuisiniers sans frontières a ainsi assuré une présence non seulement à Madagascar, mais aussi au Bénin, au Burkina Faso et, plus récemment, à Haïti. « À Haïti, nous avons commencé dans un local minuscule, puis ça a fait boule de neige, relate le philanthrope. Il s’y fait même de l’alphabétisation ! Chaque gain est le fruit d’un effort immense, mais la récompense vaut mieux que n’importe quelle pilule ! »

En 2008, sa démarche novatrice a valu à Thémis d’être élu chef de l’année pour la région de Montréal. Et ce sera loin d’être le dernier honneur pour lui !

En ;2012, celui qui a tous les talents a publié On m’appelle Chef Thémis et j’aime ça, un recueil d’anecdotes et de recettes. En mai dernier, l’auteur a été invité à présenter la publication au Gourmand World Cookbook Awards 2014 tenu à Beijing. Il y a obtenu une autre reconnaissance : le prix « Amérique du Nord » dans la catégorie Humanitaire.

C’est clair : on a vraiment ici un cuisinier sans frontières.

www.cuisinierssansfrontieres.org

Thémis : 514 594-8192 [email protected]

 
 
Personnalité HRI

Isaac Millian Valladares

Travail, passion, encadrement

 
30 août 2014

Il y a de ces moments de grâce où un enseignant a l’impression d’avoir repéré la perle rare. Il y a aussi de jeunes talents, latents mais bien réels, qui n’attendent souvent qu’un coup de pouce pour se révéler. C’est une belle histoire du genre qui entoure le cheminement d’Isaac Millian Valladares, lauréat en mai dernier de la médaille d’or, catégorie Service de la restauration, aux Olympiades québécoises de la formation professionnelle 2014.

Par Marie-Carole Daigle

« J’ai tout de suite senti qu’Isaac avait quelque chose de spécial », relate Stéphane Dumont, son enseignant actuel au Centre de formation professionnelle (CFP) Jacques-Rousseau, en se remémorant le jour où il a vu cet élève du secondaire participer à une journée d’immersion. « Je lui ai proposé d’entamer son cours en Service de la restauration chez nous, mais il a préféré attendre, car il n’avait que 15 ans. L’année suivante, je voulais être sûr qu’il accepte. À sa deuxième visite, je l’ai donc invité à causer « avenir » avec moi, en présence de ses parents. »

« Monsieur Dumont a vu que j’avais un talent caché, explique le jeune Isaac, qui s’exprime parfaitement en français, langue apprise en classe d’accueil il y a six ans à son arrivée de Cuba. Mais sur le coup, j’étais surtout intéressé par le fait que je n’aurais plus de cours de mathématiques ! reconnaît-il avec humour. Rapidement après mon arrivée au programme d’attestation d’études professionnelles (AEP), nous avons commencé à préparer la Compétition régionale Montérégie 2014. Nous y avons consacré entre 40 et 60 heures, et j’ai gagné la médaille d’or ! Il faut dire que lorsque j’ai quelque
chose en tête, je vais jusqu’au bout… »

Heureusement qu’Isaac est ainsi fait, car tout de suite après, il devait se préparer aux Olympiades québécoises. L’élève et son équipe d’encadrement ont ainsi dû consacrer environ 200 heures de préparation pour pouvoir affronter en mai les meilleurs espoirs du Québec.

Les Olympiades québécoises durent deux journées de six heures chacune. « Elles comportent plusieurs mises en place, un service de table d’hôte à quatre clients, un service de potage à l’anglaise, un autre au guéridon avec montage de mayonnaise, et j’en passe », énumère son enseignant.

Et Isaac a décroché l’or ! « Mon enseignant Stéphane Dumont, mon conseiller en vins Michel Bourdeau et la direction… tous étaient émus. Et je sais maintenant que non seulement la patience et le temps, mais aussi la confiance que j’ai mise envers ceux qui m’entourent sont responsables de ce succès. Je n’étais pas toujours d’accord avec eux, mais finalement, ils savaient vraiment ce qu’ils me faisaient faire ! »

Son enseignant renchérit : « C’était loin d’être gagné d’avance, mais Isaac a réussi à surpasser des candidats de très grandes écoles. Ce jeune a un potentiel immense, et nous allons rester derrière lui, assure-t-il. »

Pour le dernier stage de son AEP, Isaac mettra ses compétences en pratique au Primi Piatti de Saint-Lambert (Rive-Sud de Montréal). Plus tard, il compte élargir ses compétences en obtenant une Attestation de spécialisation professionnelle en sommellerie. « Je pourrais aussi enseigner et j’aimerais bien être un « ambassadeur » [du métier], dit-il. J’ai envie de démontrer qu’un vrai serveur, ce n’est pas un simple porteur d’assiettes. »

Qu’on se le tienne pour dit, car celui qui parle est quelqu’un qui va… « jusqu’au bout » lorsqu’il a quelque chose en tête !

Photo : © Pierre Beauchemin

 
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