Passée notamment par les bureaux de Montpack International (veau et agneau) et par ceux du Groupe Export agroalimentaire, Marie Beaudry, devenue directrice générale d’Aliments du Québec en 2010, œuvre dans le domaine alimentaire depuis plus de 20 ans. Au cours de ces deux décennies, la Sherbrookoise aura donc été aux premières loges pour observer l’incroyable vague d’amour qui a déferlé sur les produits du terroir et sur les artisans qui les font naître et les subliment. « Et il était temps, soupire-t-elle. Lorsque j’étais au Groupe Export, j’avais remarqué que, si les étrangers étaient souvent charmés par nos produits, les Québécois, dans l’ensemble, ne semblaient pas saisir le potentiel de leur terroir. C’était un peu paradoxal. »
Dès son arrivée à la tête d’Aliments du Québec, la dynamique responsable a donc tout mis en oeuvre pour que professionnels et consommateurs « pensent et mangent local ». Le programme Aliments du Québec au menu, lancé en 2015, a aujourd’hui séduit quelque 280 établissements, grâce notamment à une ingénieuse campagne de visibilité et de promotion. Si les propriétaires de nappes blanches ont été précurseurs, différentes chaînes, comme La Cage ou Valentine, ont récemment adapté leurs menus pour mettre à l’honneur les produits du Québec. En deux ans, le programme de reconnaissance développé en partenariat avec Équiterre et valorisant le terroir a permis de saluer et d’encourager les efforts de 70 institutions, actives notamment dans le domaine de l’éducation ou de la petite enfance. « On avance, on avance… se réjouit Marie Beaudry. Il reste encore beaucoup à faire, évidemment, mais il fallait éveiller les Québécois à l’importance des achats locaux. C’était sans doute l’étape la plus complexe. »
Malgré ces nettes avancées et ces premiers succès, pas question, assure la directrice, de ralentir la cadence. Différents dossiers devront être prochainement abordés, comme le coût de certains aliments, l’identification optimale des produits locaux ou les défis liés à un approvisionnement en grandes quantités.
Pour poursuivre son combat, la dirigeante estime qu’Aliments du Québec devra, en plus de vanter la variété et la qualité des produits du terroir, insister davantage sur leur inestimable apport à l’économie de la province. « Consommer des fraises du Québec ou du veau élevé chez nous, c’est soutenir nos producteurs, nos artisans, nos transformateurs, rappelle-t-elle. Souvent, le consommateur l’ignore, l’oublie ou ne le comprend pas. Mais si on prend le temps de le lui expliquer, il en saisit rapidement l’importance, comme on a pu le voir récemment dans le débat sur les produits laitiers. »
Si elle estime que, « au prix de certains efforts et avec une bonne organisation », un consommateur peut désormais manger 100 % québécois, Marie Beaudry sait que de tels objectifs restent bien plus difficilement atteignables dans l’industrie des HRI. « Mais, sur une base annuelle, on devrait pouvoir toucher les 60 % d’aliments produits et transformés au Québec dans les cuisines de nos restaurants et les 50 % dans celles de nos institutions : ce serait déjà un grand pas en avant ! »