DANS L’ENSEMBLE, EN 2017, L’INDUSTRIE DE LA RESTAURATION QUÉBÉCOISE A SEMBLÉ PROFITER DE LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE ET ELLE AFFICHE DES GAINS. CETTE PROGRESSION DEVRAIT CONTINUER EN 2018 À UN RYTHME PLUS FAIBLE.
L’INDUSTRIE QUÉBÉCOISE DE LA RESTAURATION EN QUELQUES CHIFFRES :
- 22 500 restaurants
- 15,9 milliards de ventes
- 280 600 emplois directs
- 64 000 emplois indirects
- 1 emploi sur 5 occupé par un jeune de moins de 25 ans
L’industrie de la restauration est directement stimulée par le dynamisme économique de la province.
Bien que l’industrie ait progressé par le passé malgré les récessions, elle bénéficie actuellement d’un élan fort et soutenu.
À ce rythme, les ventes en restauration commerciale devraient atteindre les 15 milliards de dollars en 2020 et pouvoir supporter l’ajout net d’au maximum 2 000 restaurants dans l’ensemble du territoire.
— F. Pageau
L’inflation des prix des menus a atteint 2,5 % en 2017, dans la foulée d’une hausse précédente de 2,0 % en 2016. Ajustée selon le taux d’inflation des menus, la hausse réelle des ventes du secteur commercial est de 4,4 %, comparativement à une croissance canadienne de 2,5 %.
Cette hausse des prix des menus est sans doute un facteur clé de la rentabilité des restaurants. Entraînés par la hausse des coûts en main-d’œuvre, des matières premières et surtout des loyers, les prix doivent refléter les coûts réels afin de dégager une marge suffisante pour réaliser un profit.
— F. Pageau
Les restaurants à service restreint se sont démarqués au Québec en 2017 en affichant la hausse des ventes la plus importante au pays, signe que la demande penche de plus en plus vers ce type de restauration.
— F. Pageau
Restaurants à service complet
Après trois années de modestes gains en 2013, en 2014 et en 2015, les restaurants à service complet ont démontré une forte croissance de leurs ventes pour une seconde année consécutive en 2016 et en 2017, et ce, malgré une baisse du nombre d’établissements. Ces hausses des ventes ont été favorisées par la hausse du revenu disponible des ménages et un achalandage touristique record au Québec.
Restaurants à service restreint
L’intérêt des consommateurs pour les restaurants à service restreint se maintient toujours puisque les ventes ont crû de 8,0 % en 2017, ce qui représente la plus forte croissance dans ce secteur depuis 2005. La moyenne de croissance annuelle des trois dernières années est de 7,4 % dans ce seul secteur, ce qui en fait la plus forte de tous les secteurs de l’industrie de la restauration québécoise. Attirés par l’aspect pratique et le rapport qualité/prix, notamment pour les petits déjeuners, les clients procurent un achandage élevé à ce type de restaurants. L’année 2017 a été marquée par une hausse du nombre de chaînes de restaurants et d’établissements dans ce segment de marché, ce qui n’a pas été le cas du côté des restaurants à service complet.
Traiteurs
Après une hausse anémique de 2,4 % en 2016, les traiteurs du Québec ont enregistré une hausse de leurs ventes de 11,4 % en 2017, tandis que, dans le reste du Canada, l’année 2017 a été difficile pour ce segment.
Bars et débits de boisson
Il en est tout autrement dans le segment des bars et débits de boisson qui, après une forte hausse de ses ventes en 2016 (12,2 %), a enregistré une très faible baisse de 2,3 % en 2017. Durant les 17 dernières années, ce segment a subi plusieurs pressions en raison des changements de comportements des consommateurs, de la loi sur le tabagisme et de la hausse du prix du vin, de la bière et des spiritueux. Le nombre d’établissements a chuté, passant de 4 628 en 2000 à 2 162 en 2017.
Nombre de restaurants
Au Québec, le nombre de restaurants a diminué à 22 516 en 2017, soit 100 de moins qu’en 2016. Depuis 2009, le nombre de restaurants à service restreint ne cesse d’augmenter, affichant 14,8 % de croissance pour la période de 2009 à 2017, comparativement à une baisse de 3,4 % du côté des restaurants à service complet.
Selon la firme TD Economics, l’économie québécoise devrait ralentir et atteindre un taux de croissance de 2,3 % en 2018, égal à la moyenne des provinces canadiennes. Restaurants Canada prédit une croissance des ventes de 4,2 % en 2018 en raison des revenus disponibles plus élevés des ménages, de la création soutenue d’emplois et d’une économie saine, trois facteurs qui favorisent les dépenses au restaurant.
Un bémol toutefois : le vieillissement de la population devrait nuire à cet élan et possiblement ralentir les ventes des restaurants du Québec.
Le nombre de restaurants n’est pas un enjeu critique, car le nombre de permis ne tient pas compte du nombre de sièges, du type de restaurant et de leur emplacement. Cette donnée ne reflète pas réellement la situation de l’industrie.
Ce qui semble plus problématique, c’est le revenu moyen par établissement, qui stagne sous la barre des 600 000 $. Ce niveau anémique des ventes par établissement complique l’atteinte de la rentabilité et la création d’économies d’échelle.
Dans un contexte de rareté de main-d’œuvre en cuisine, il est probable, et souhaitable, que les restaurants tentent d’augmenter leurs revenus moyens de différentes manières.
— F. Pageau
La productivité des travailleurs des secteurs restauration et hébergement s’est accrue au Québec, s’élevant à 18,10 $/heure travaillée en 2016, alors qu’elle était de 17,40 $ en 2015, soit un niveau équivalent à la moyenne canadienne. Il faut toutefois rappeler que ce taux de productivité n’est jamais repassé au dessus des taux enregistrés en 2005, malgré les percées technologiques récentes. À titre de comparaison, la productivité dans le secteur de la vente au détail s’est accrue de 21 %.
La productivité des restaurants augmente, puisque les ventes augmentent et que le nombre d’employés diminue. Cependant, comparativement à ce qui se passe dans d’autres types d’industries, cette productivité reste faible et croît modestement.
Pour accroître cet indice de rendement, les restaurants augmenteront leurs ventes sans augmenter le nombre d’heures travaillées.
— F. Pageau
Tendances des consommateurs québécois
Selon les données relatives aux ménages récoltées par The NPD Group (qui excluent les touristes et les entreprises), les restaurants à service restreint ont obtenu 62,6 % de l’achalandage des restaurants en 2017 et 47,6 % des ventes. Les restaurants à service complet ont quant à eux obtenu 23,3 % de l’achalandage, mais 43,9 % des dollars dépensés, en raison de leur facture moyenne plus élevée.
Bien que l’économie du Québec soit prospère, les consommateurs surveillent leurs dépenses dans les restaurants. La facture moyenne des restaurants du Québec n’a augmenté que de 0,08 $ en 2017, pour atteindre un modeste 8,19 $. La facture moyenne s’est accrue de 0,59 $ dans les restaurants à ambiance décontractée (casual) et a diminué de 1,24 $ dans les restaurants de fine cuisine.
Signe que les clients maintiennent leurs dépenses dans les restaurants, les factures moyennes n’ont pas augmenté (+1 %) autant que l’augmentation des prix dans les menus (+2,5 %).
Certains segments ont même vu leur facture moyenne diminuer. Si les prix demandés sont inférieurs aux prix offerts, les restaurateurs seront hésitants à augmenter ceux-ci.
— F. Pageau
Depuis 2012, les restaurants franchisés n’ont cessé de s’approprier une part de plus en plus importante des ventes : de 48 % des ventes en 2012, ceux-ci en obtiennent 54,6 % au Québec en 2017, même si les deux segments ont connu des gains durant la même année.
La hausse d’achalandage la plus importante est attribuée au petit déjeuner (50 % de croissance entre 2012 et 2017). L’achalandage au petit déjeuner est maintenant presque égal à celui du repas du soir. Ce dernier a connu une baisse de 4 % entre 2012 et 2017. La prolifération de repas « prêts à manger » proposés dans les épiceries a certainement nui à la fréquentation des restaurants le soir.
Signe que le consommateur recherche de plus en plus un meilleur rapport qualité/prix, l’achalandage augmente du côté des petits déjeuners et des lunchs (dîners). Les repas du soir (soupers) vont toujours chercher la plus grande part des dépenses dans les restaurants, mais la tendance est à la baisse.
La baisse d’achalandage au repas du soir démontre un changement important dans le comportement des consommateurs. Ceux-ci bénéficient de plus de choix à prix alléchants, sans pourboire, comme les « mets pour emporter » et le prêt-à-manger offerts dans les épiceries et les grandes surfaces, ou encore les livraisons. Ces dernières font l’objet d’une explosion de l’offre à l’échelle de la province. Mentionnons à cet égard Uber Eats, Foodora et La Boîte du Chef, par exemple.
— F. Pageau
La part des dépenses en aliments des ménages canadiens dirigée vers la restauration est de 39,3 % en 2017, soit la meilleure marque depuis 2006. Ces dernières années, une rude concurrence s’est installée entre l’offre des restaurants et celle qui a été développée par les épiceries et grandes surfaces comme Walmart et Costco.
On suppose qu’il coûte moins cher de manger au restaurant que chez soi aux États-Unis, et le contraire s’appliquerait au Canada.
De plus, l’offre alimentaire des grandes surfaces se développe rapidement, tout en maintenant les prix de détail très bas. Dans ce contexte, la recherche de l’aspect pratique, la rapidité et l’absence de pourboire favorisent les grandes surfaces et les épiceries.
— F. Pageau
Les bénéfices avant impôts s’élèvent à 4,6 % pour les restaurants du Québec, ce qui est légèrement plus élevé que les bénéfices avant impôts moyens nationaux (4,2 %).
Pour 2018, la priorité de quatre restaurateurs sur cinq sera de réduire les coûts. Plusieurs vont d’abord porter leur attention sur une modification du menu permettant de tirer parti d’ingrédients moins coûteux. D’autres ont l’intention de réduire les heures de travail et de changer de fournisseurs.
Au Québec, la tendance est à la hausse du côté des bénéfices avant impôts, ce qui rend l’industrie plus attirante pour les investisseurs. Cependant, les problèmes de pénurie de main-d’œuvre et la hausse des loyers atténuent cet élan positif vers une meilleure rentabilité.
Cette marge de manœuvre augure bien et crée un contexte propice aux investissements, à la consolidation, à la réduction des dettes et à l’augmentation des salaires.
— F. Pageau
À PROPOS DES FAITS SAILLANTS CONCERNANT LES SERVICES ALIMENTAIRES 2018
Cet article est inspiré de Foodservice Facts 2018, publié en anglais par Restaurants Canada (antérieurement l’Association canadienne des restaurateurs et des services alimentaires). Il comporte également des données propres au Québec. Les membres de Restaurants Canada peuvent se procurer un fichier PowerPoint de Foodservice Facts 2018 auprès de leur association.
© Restaurants Canada 2018. Tous droits réservés, y compris le droit de reproduire ce document en tout ou en partie sur tout support.
www.restaurantscanada.org / [email protected]/1 800 387-5649 Économiste principal : Chris Elliott